Nicole Voilhes - Auteur de biographies romancées de couples célèbres du XVI siècle.
Renaissances

Le livre

Neuf histoires vécues au cours de l’Histoire, neuf vies de femmes différentes, neuf aspects d’une seule et même femme traversant les aléas du temps et de l’espace.

De Lona

l’ Atlante, engloutie avec son continent il y a plus de onze mille ans à Pauline la Française, héroïne de la Commune au 19ème siècle, nous nous retrouvons avec Néfer, en Egypte sous le règne de Toutankhamon, ensuite en Scythie, avec Zanira en 513 avant J-C.

Nous poursuivons le voyage en Sicile avec Daphné, deux siècles plus tard, puis à Lyon en 177 avec Sabina, et nous continuons notre périple, au 6ème siècle à Constantinople sur les traces d’Irène.

Nous assistons aux conflits des Croisades, en Syrie, avec Jeanne-Nour, au 12ème siècle et nous parvenons à la France du 16ème siècle en compagnie d’Angélique.

Ces Renaissances mettent en scène des femmes de conditions très diverses, épouse de notable, guerrière, prostituée, artisane, institutrice ou sans profession, toutes subissent les tourmentes de l’Histoire et cherchent à se les concilier.

Toutes ont en commun leur sincérité et une vérité quelquefois démentie par le temps.

Un fil conducteur, trame ténue du récit, unit irrémédiablement ces neuf destinées de femmes.

Extraits

De Néfer

« ...Une douce brise venue du Nil tout proche fait frémir les voiles protégeant le pavillon de l’ardeur du soleil. Dans les roseaux des fresques, tourterelles et martins-pêcheurs vivent ainsi une réalité aussi éphémère qu’illusoire.
Lotus et mandragores s’épanouissent mollement au sein des vases d’albâtre. Comme les fleurs, toutes nous languissons. Indifférentes aux vains accords que les musiciennes tirent des cithares et des flûtes, aux éventails de papyrus ou de plumes d’autruche agités par les esclaves, les femmes et les filles des notables font cercle autour de la reine. Toutes nous sommes venues, émoustillées par les récits des serviteurs vantant le nombre des embarcations, leur luxe et la pompe de l’escorte du grand prêtre arrivé d’Ouaset. Comment Néfertiti va-t-elle accueillir cette ambassade que nous redoutons tous dans notre ville, Akhet-Aton, la radieuse cité du Globe ?
Pour l’heure, silencieuse est la reine et mornes nous demeurons... »

De Daphné

« ...Mes nuits sont aussi tranquilles que mes jours, Manlius a tenu sa promesse, aucun homme ne m’a touchée, lui, pas plus que les autres.
Tant mieux pour mon vœu de chasteté.
Tant pis pour mon amour-propre.
Puis-je l’avouer sans honte ? Je suis profondément dépitée. Et si j’apprécie ma chance en comparant ma vie à celle des autres esclaves surchargés de travail, battus pour un rien, mal nourris ou pire, à l’existence des filles des riches familles d’Akragas livrées sans vergogne à la brutalité des légionnaires romains, je n’en déplore pas moins la délicatesse de Manlius. Car, s’il m’avait violée, j’aurais subi des outrages que Tanit n’aurait pu me reprocher, je devenais la victime immolée sur l’autel d’Aphrodite par un bourreau impie. Et ce bourreau-là, bien que romain, ne m’inspire pas la moindre haine. Bien au contraire... »

D’ Irène

« ... - Je ne suis qu’une putain, m’a eue qui voulait, ce n’était qu’une question de prix. Renseigne-toi, Théodore, tous tes amis ont couché avec moi, je connais les habitudes amoureuses de tous les dignitaires de l’empire…
Théodore Smerta bondit :
- Arrête ! Je sais tout cela et je veux l’oublier. Je désire que tu abolisses ton passé et que tu ne regardes plus derrière toi. Je t’ai achetée, oui, mais je ne te considère pas comme une marchandise bien que tu m’aies coûté très cher. Sais-tu que j’ai encouru l’opprobre de mes pairs et la colère de l’empereur pour m’être ainsi entiché de toi ? Le prix payé et celui qu’il faudra payer encore m’indiffèrent : je te voulais, je te voulais pour moi seul.
- Eh bien, tu m’as. Que veux-tu de plus ?
- Irène, je n’ai que ton corps...
- Et tu devras t’en contenter ! Je ne peux rien te donner d’autre, nous n’avons rien à partager. Je ne chercherai pas à oublier mon passé, il me colle à la peau et quoi que tu fasses, il fait corps avec moi. Toi-même, tu y penseras, d’autres s’en souviendront et te le lanceront à la tête à la première occasion... »

De Jeanne-Nour

« ...Incisif et arborant un sourire un rien moqueur, notre interlocuteur lance :
- Ce qui était valable à Jérusalem avec Saladin ne l’est pas forcément ailleurs. Nous pouvons appliquer les méthodes franques et vous rançonner ou vous violer comme vos hommes le font si bien…Vous êtes les prisonnières de notre émir, lui seul décidera. Il montrera, j’en suis sûr, moins de clémence que son père et il aura raison. Vos chevaliers sont aussi rapaces que sanguinaires, les Templiers et les Hospitaliers tueraient leur propre mère pour de l’argent. Honte à ces chiens ! Dieu les châtiera et viendra le jour où vous serez tous chassés de nos terres où vous n’auriez jamais dû venir.
Que répondre ? Le discours de cet Arabe n’est pas faux et même si nos ancêtres sont venus en Terre Sainte pour libérer le tombeau du Christ, nous ne savons que trop que l’appât des richesses a supplanté l’amour de Dieu dans leurs cœurs trop souvent impurs. Nous ne répondrons rien car nous sommes conscientes que ceux que nous nommons les « infidèles » ont souvent été plus proches de la doctrine chrétienne que nos coreligionnaires. Pourvu que ce fils de Saladin vers lequel on va nous conduire soit aussi miséricordieux que son père !... »

D’ Angélique

« ...Catherine de Médicis qui n’a encore rien dit se permet à l’adresse de Maugiron une phrase sans appel :
- Ajoutons au nombre des qualités d’Angélique de Nouhaut, son franc-parler capable de remettre les insolents à leur place et son sens inné des convenances, vertus en voie de disparition au Louvre, mais fort heureusement encore de mise en province.
Je réalise que le brouhaha des voix s’est tu et que je suis le point de mire de l’assistance.
Lorsque Louis de Maugiron m’entraîne loin des sièges royaux et que je fais mine de le quitter, il me retient et murmure à mon oreille :
- Non, ma belle anguille, non, on ne m’échappe pas ainsi, je suis aussi ferme à tenir une jolie main que le pommeau de mon épée et vos beaux yeux me font regretter d’en avoir perdu un au siège d’Issoire l’an dernier. Il me serait infiniment plus doux d’être devenu borgne en assiégeant la citadelle de votre cœur… »

De Pauline

« ...Pendant ma leçon de géographie sur les fleuves de notre pays, sans que je m’y attende le moins du monde, Jousseau, peu préoccupé par la longueur de la Loire ou le débit du Rhône, a levé la main et m’a demandé en indiquant la carte que j’avais fixée au mur :
- Madame, c’est où l’Alsace et la Lorraine ?
J’aurais pu me fâcher et l’admonester, mais à quoi bon ? Mes élèves n’auraient pas été plus attentifs à mon cours et nous vivons des heures si graves que je comprends leur curiosité.
Sur la carte j’ai donc montré la province perdue et sa voisine amputée de sa partie nord ; j’ai alors constaté, à la mine des garçons, combien ils partageaient le sentiment commun : celui d’une iniquité sans bornes. Cette capitulation de notre volonté de ne céder aucun pouce du territoire national n’est pas le fait du peuple. Nous la devons aux politiciens véreux et aux militaires incapables. Cela, les Parisiens ne l’ont pas digéré et que nos enfants montrent une ardeur vindicative m’inspire une joie profonde mêlée de crainte.
Jusqu’où irons-nous dans la révolte ?
Jusqu’où les entraînerons-nous ?... »

Rencontres avec le Roman Renaissances de Nicole Voilhes
Rencontres

 

Rencontres avec le Roman Renaissances de Nicole Voilhes